Le voyage hors du corps est un sujet si rebattu que, pour peu que vous vous intéressiez déjà à la question, je n’aurai pas la prétention de vous faire d’extraordinaires révélations. Pour le cas où le concept vous serait un peu flou, je vais vous en tracer les grandes lignes, avant de vous indiquer comment passer facilement à la pratique.
Ce qu’il est convenu de nommer voyage astral, projection astrale, sortie du corps, on en trouve témoignage depuis la plus haute antiquité, et dans toutes les traditions. Dean Shiels, dans une étude réalisée en 1978 sur quarante quatre cultures non occidentales en a trouvé seulement trois où les sorties du corps n’étaient pas communément admises. Une autre étude, portant sur 57% des sociétés connues donne un taux de 89% ayant une tradition concernant les sorties du corps. Il s’agit donc d’un phénomène très répandu, et relativement banal. On en trouve trace en Chine, comme dans l’Égypte antique, la Grèce, chez les Amérindiens, en Inde, etc …
De nombreuses personnalités en ont fait un jour l’expérience, parmi lesquelles on cite couramment Huxley, Strindberg, Goethe, D.H.Lawrence, et, bien entendu , des mystiques comme Thérèse d’Avila. Ces sorties du corps se font dans diverses circonstances : elles peuvent être spontanées ou délibérément provoquées. Elles sont fréquemment associées aux NDE (états proches de la mort ), ce qui est tout à fait naturel, puisque c’est bien au moment de la mort que se produit la séparation entre notre corps physique et ce qu’il est convenu d’appeler notre âme. Il ne s’agit là que du processus de désincarnation.Il est peut être utile, à ce propos, de rappeler schématiquement ce qu’est son pendant : le processus d’incarnation. Notre état naturel, celui dans lequel nous nous trouvons entre deux incarnations, ne comporte évidemment pas de corps physique. Nous sommes alors une entité énergétique capable de revêtir ou créer des formes astrales. Les expériences d’incarnation sont destinées à parfaire notre développement. Elles ont lieu dans des dimensions et des univers très variés. Pour qu’un monde puisse accueillir des entités du niveau de l’âme humaine, il doit abriter des êtres suffisamment développés pour permettre leur incarnation. En ce qui concerne la planète Terre, ce fut le cas à la fin du pléistocène, lorsque les hominidés ont atteint un stade d’évolution suffisant pour permettre la colonisation des âmes. C’est l’irruption dans ces corps d’entités intelligentes qui a permis le développement conjoint du cerveau, et non le processus inverse. Ce qui explique qu’on ne trouvera jamais le “chaînon manquant “. Chaque fois que nous prenons possession d’un nouveau corps, en général à partir du quatrième mois de grossesse, nous avons la difficile tâche de nous familiariser avec le cerveau du fœtus, de le stimuler pour pouvoir progressivement interagir le plus efficacement possible.
Si le sujet vous intéresse, nous pourrons y revenir ultérieurement en détail. Pour l’instant, mon propos était juste de souligner qu’il est aussi naturel de sortir de son corps physique que d’y entrer. Cette faculté de quitter volontairement son corps est particulièrement répandue chez les yogis, comme on le voit dans les récits de voyage d’Hélèna Blavatski, la Vie des Maîtres, de Baird T.Spalding, où l’Autobiographie d’un yogi, de Paramahansa Yogananda. Si le yoga et la méditation aident à obtenir des résultats, ils ne sont pas la seule voie d’approche. L’usage de drogues diverses ou de produits chimiques fonctionne parfois, mais avec des effets indésirables. Vous pouvez utilement vous documenter à ce sujet en lisant : Les États Seconds. Biologie du Paranormal, de A.Puarich. L’hypnose et l’autohypnose sont une voie plus confortable. C’est d’ailleurs dans la Méthode pratique de magnétisme, hypnotisme, suggestion, de Paul Clément Jagot, que j’ai eu, il y a fort longtemps mon premier contact avec la notion de dédoublement. Il propose une méthode très simple, où, en restant confortablement installé dans un fauteuil, on va imprimer sur le mur opposé, ou au plafond, l’empreinte digitale de son corps astral. Quand on y parvient, c’est gagné, et en plus on a la preuve qu’on ne rêve pas !
Pour ma part, faute de persévérance, je n’y étais pas parvenu, et c’est de façon tout à fait spontanée que j’ai fait bien plus tard ma première sortie. D’une manière tout à fait classique d’ailleurs : parfaitement détendu et à la limite du sommeil, je me suis soudain senti flotter au dessus du lit. En m’élevant doucement près du plafond, je voyais avec curiosité dans la semi obscurité de la chambre les deux personnes couchées et endormies. Je savais que j’étais l’une de ces personnes. C’est habituellement, dans ces cas de dédoublement spontané, un mouvement de peur qui amène à réintégrer rapidement son corps. Pour moi ce ne fut pas le cas, puisque je comprenais ce qui était en train de se produire. Mais c’est pour une raison tout aussi bête que j’ai interrompu l’expérience : dans un premier temps, j’ai traversé le plafond, un grenier qui se trouvait au dessus, puis le toit. Je surplombais l’immeuble, et le quartier, que je n’avais jamais vu d’en haut. Au lieu d’en profiter pour pousser plus loin l’exploration, l’idée s’est imposée qu’il me fallait tout de suite la preuve que je n’étais pas en train de rêver ; et que pour cela, il me fallait réintégrer au plus vite mon corps, et ouvrir volontairement les yeux. Opération parfaitement réussie. Mais impossible de repartir, et il était particulièrement frustrant de me retrouver avec cette preuve qui était en même temps la preuve que j’aurais pu vivre quelque chose de beaucoup plus passionnant !
Vous trouverez d’autres témoignages de ces retours rapides dans l’ ouvrage de Bernard Raquin : Comment Sortir de Son Corps, où il livre à ce sujet de judicieux conseils et plusieurs méthodes pour parvenir au dédoublement. Il met toutefois, à mon goût, trop l’accent sur le côté spirituel, voire religieux, qui n’est nullement indispensable pour parvenir à des résultats.
Je préfère nettement l’approche de Robert A Monroe. Cet ancien homme de radio et de télévision est une des personnes les plus incontournables dans l’exploration contemporaine de l’OBE (out off body expérience ). Il a commencé à faire spontanément des sorties du corps qui l’ont d’abord inquiété sur sa santé et l’ont poussé à se faire examiner par médecins et psychiatres. Finalement convaincu que ni sa santé ni son état mental n’étaient en cause, il s’est mis à rechercher volontairement cet état de bilocation et à entreprendre une exploration systématique du milieu auquel il avait accès. Il développa au fur et à mesure une méthode qui lui permette de sortir et revenir avec aisance et rapidité. Puis il finit par ouvrir en Virginie son fameux centre de recherche, où le procédé Hemi-Sync offre à des centaines de volontaires la possibilité d’expérimenter le Voyage astral. Le principe est d’envoyer, par l’intermédiaire d’un casque audio, un son continu différent dans chaque oreille. Cela à pour effet de créer un troisième son ,qui est en fait un signal électrique perçu lorsque les deux hémisphères du cerveau fonctionnent à l’unisson. Cette synchronisation des ondes cérébrales permet d’atteindre le maximum de nos capacités et de rendre accessibles divers états de conscience. Les centres Monroe ont maintenant essaimé jusqu’en Europe. De nombreuses personnalités ont eu recours aux formations qui y sont dispensées. Parmi celles-ci on cite couramment Elisabeth Kübler-Ross, qui est en l’occurrence le parfait exemple de ce qu’il ne faut pas faire. Je vous invite à vous reporter à son livre Mémoires de vie mémoires d’éternité. Elle y raconte en détail son séjour à l’Institut Monroe, comment elle a refusé de suivre le protocole, et ce qui s’en est suivi …
C’est s’exposer à de douloureuses expériences, que de vouloir brûler les étapes, lorsqu’on est censé suivre un processus bien défini.
Pour en revenir aux explorations méthodiques de Monroe, telles qu’il les relate dans Le voyage hors du corps, et Fantastiques expériences de voyage astral, elles présentent l’intérêt majeur d’avoir été entreprises sans aucun à priori, par quelqu’un qui n’avait pas d’idée préconçue sur un hypothétique au delà. Il a tout découvert pas à pas, jusqu’à former un système parfaitement cohérent non dépourvu de valeurs morales. Il se trouve la plupart du temps en accord avec les enseignements ésotériques comme avec les principes de l’hindouisme et du bouddhisme. Mais le fait que tout soit le fruit d’une observation directe donne beaucoup plus de valeur au tableau synthétique qu’il produit à la fin de son second livre. C’est suffisamment complet pour servir de règles de vie, et servir de base à une philosophie. D’autres en auraient créé une religion !
Pourquoi est il si important de s’aventurer dans l’astral sans à priori, et de préférence sans croyances préalables ? Tout simplement parce que le monde astral a la particularité de ne pas être nécessairement objectif. Il est tout aussi facilement le fruit de nos propres créations. C’est pourquoi celui qui s’attend à voir des anges verra des anges, etc… et toutes sortes de choses conformes à sa religion ou ses croyances. De même que celui qui ne croit en rien aura fréquemment des difficultés à voir quelque chose ! Cela est particulièrement vrai pour les NDE ou les cas de mort tout simplement, tels qu’ils sont relatés sous hypnose. Au cours des voyages astraux, également, Il se peut que, même en semblant évoluer dans une réalité physique qui nous est familière, il y ait des détails qui ne “collent pas”. Dans une pièce où vous serez allé dans l’astral et que vous verrez ensuite dans la réalité, un meuble pourra ne pas être à sa place, être d’une couleur différente, ou être remplacé par un autre. Cela s’expliquerait, selon Michael Talbot, par la difficulté de convertir les fréquences perçues dans l’état désincarné en copie conforme des hologrammes de la réalité consensuelle. Il est à noter que l’on entre également sans difficulté dans le monde astral de quelqu’un d’autre, dans sa création. On trouve de cela de très bons exemples dans le livre initiatique de Louis Colombelle, écrit sous le pseudonyme de Phylos : J’ai Vécu sur Deux Planètes. Il y décrit de façon détaillée les mécanismes du Dévachan, et l’on y voit par exemple un romancier décédé accueillir ses hôtes dans le château où il vit en compagnie des personnages de ses romans. Cette illusion partageable durera tout le temps que son créateur jugera nécessaire d’y croire. Monroe, de son côté retrouve, par exemple, dans l’astral, un de ses amis récemment décédé, qui lui fait partager les merveilleux couchers de soleil qu’il multiplie à l’envi sur un océan de sa création. Il peut en changer à volonté tous les éléments, comme imaginer des vagues carrées ; et il compte bien continuer jusqu’à s’être lassé de ces créations pour passer à autre chose. On peut également citer l’intéressant exemple de l’expérience menée par Charles Tart en Californie : ayant amené deux de ses étudiants, Anne et Bill, à s’hypnotiser mutuellement, ils explorèrent ensemble à de nombreuses reprises un monde merveilleux qui n’appartenait qu’à eux, où ils communiquaient et conversaient entre eux. Ils en avaient au réveil un souvenir partagé, bien qu’il n’y en eût aucune trace dans les enregistrements.
Toutes ces créations fugitives et temporaires, qui permettent entre autres aux personnes décédées de revêtir une apparence propre à les faire reconnaître, ne doivent pas être confondues avec les créations du monde Causal, qui demandent un niveau d’évolution nettement supérieur, et qui sont le fait d’êtres que l’on peut qualifier de créateurs d’univers. Cela est expliqué de façon lumineuse dans l’autobiographie de Yogananda, par son Maître Sri Yukteswar lorsqu’il vient lui rendre visite quelque temps après son décès.
Il convient donc, pour être dans les meilleures dispositions avant d’entreprendre des essais de dédoublement corporel, de laisser de côté nos préjugés et nos habitudes mentales, qui dictent aussi bien notre apparence en tant qu’être désincarné, que celle de ce que nous nous attendons à rencontrer. S’habituer à ressentir que nous ne sommes pas notre corps, que notre conscience n’est pas un produit de notre corps, mais un champ de conscience plasmoholographique qui imprègne ce corps et le déborde, comme le dit Hunt, ou comme le constate Monroe : lorsque nous avons rejeté tous les déguisements, notre réalité ultime est celle d’un système vibratoire composé de plusieurs fréquences en interaction et résonance.
Si l’on parvient à se défaire des habitudes dues à notre association avec un corps, il nous apparaît que toutes les limitations de nos sens n’ont plus lieu d’être, que notre vision à 360° ne se fait plus par les yeux, que présent passé et futur peuvent être accessibles sur le même plan, que les notions de durée , de distance ou de lieu doivent être remplacées par celle d’état de conscience.
Telles sont les recommandations que l’on peut faire à qui veut s’engager dans cette passionnante aventure, ce qui revient à l’écrire sur une page blanche, avec pour seul guide notre curiosité pour découvrir la réalité cachée derrière les apparences.